Propriété intellectuelle: brevet et communs scientifiques
Quand deux espérantistes célèbres parlent de propriété
intellectuelle, il n’est pas surprenant de parler du sens des mots et leurs
réflexions sonnent très juste.
Le terme propriété intellectuelle est un terme chapeau qui regroupe des problématiques comme les marques et les brevets. Les marques sont censées être le nom de famille d’une entreprise ou d’un produit. Les brevets sont censés protégés un procédé ou une technique. Ni l’un, ni l’autre ne protège une idée et bien sûr un arc en ciel n’est pas brevetable… mais…
Le terme propriété intellectuelle est un terme chapeau qui regroupe des problématiques comme les marques et les brevets. Les marques sont censées être le nom de famille d’une entreprise ou d’un produit. Les brevets sont censés protégés un procédé ou une technique. Ni l’un, ni l’autre ne protège une idée et bien sûr un arc en ciel n’est pas brevetable… mais…
Richard Stallman a pourtant parfaitement raison, le terme
propriété intellectuelle (PI) est très mal choisit. Il n’y a pas de propriété sur
les choses intellectuelles et il ne peut pas y en avoir comme le souligne
justement Albert Jacquard. Le terme PI sonne donc très faux. En fait il n’y a de
propriété que la réalisation, la mise en pratique de procédé. On pourrait dire
comme Albert Jacquard le suggère que toute invention est combinatoire mais il
est difficile également de ne pas reconnaitre à la fois une qualité à celui qui agrège et un travail
dans cette combinaison. On ne refuse pas à l’écrivain de gagner sa vie par ses
livres sous prétexte qu’il utilise des mots communs à tous. Dans un brevet la combinaison est
ingénieuse.
Il y a souvent confusion sur l’utilité des brevets parce qu'ils sont décrits comme des droits de propriété, ce qu’ils ne sont pas. Au
pire un brevet peut-être considéré comme un droit temporaire, dans le fait c’est un droit d’empêcher pendant
un laps de temps défini. Mais cette approche passe aux oubliettes l’obligation de divulgation qui pourtant fonde
la notion de brevet moderne. Je crois qu’il y a une vraie dérive vers le brevet
'droit de concession' ou le brevet 'récompense' sous forme de droit. Historiquement il fut l'un et l'autre. En effet, le
brevet à pour forme un papier présentable en cours de justice pour empêcher
autrui de copier. C’est en fait la partie visible, celle qui est positivement
valorisable et opposable.
Lorsque j’ai été appelé à réorganiser un département brevet
de l’Université de Tours j’ai été confronté à deux conceptions de la
cartographie brevet. Les uns y voyaient une représentation des droits exclusifs
d’entreprises ou d’inventeurs dont l’on pouvait définir les contours afin de
savoir ce qu’il est interdit de faire ou déterminer les stratégies des
différents acteurs sur un champs de bataille technologique ou valoriser les 'portefeuilles'
brevets. Ce type d’analyse est intéressant, certes, puisqu’il décrit l’existant
des découvertes, les premiers sommets d’un continent à découvrir. Et cela peur aller plus profond:
visualiser les techniques utilisées, savoir donc les limites du savoir « breveté »,
définir les axes de recherche, affiner ses propres dépôts de brevets
J’ai été confronté à une autre approche, radicalement
différente qui postule que dans certains brevets se trouve des contenus
scientifiques et que donc il est possible d’analyser le brevet comme un
publication scientifique. Pratiquement cela n’est presque jamais fait et pourtant
la divulgation à l’homme de l’art est la contrepartie à l’obtention même du
brevet. Le problème, c’est qu’une fois l’obtention du brevet rien n’est fait
pour publier équitablement cette contrepartie. Elle demeure attachée au
document et traitée comme une annexe d’un document juridique. D’où l’impression
qu’un brevet retire de la connaissance aux communs scientifiques alors que ce
devrait-être un apport. En effet, un des objectifs historiques du brevet moderne
c’est de faire avancer la technique, de forcer à ne pas garder pour soi des
recherches qui peuvent intéresser tout le monde. En ce sens le brevet est l’allié
des communs scientifiques. Il le deviendra en fait dès que les contenus
scientifiques et techniques seront facilement accessibles et visibles.
Étant optimiste, je souhaite que le brevet soit associé à une
publication pleine et didactique des recherches qui ont menées directement ou
indirectement à l’invention; que ces publications aient un poids significatif
au regard de l’avantage qui est concédé.
Medolo est le projet de rendre la partie scientifique des
brevets lisible, utilisable et réutilisable.
DoJo
DoJo